lundi 18 juillet 2011

Lirecrire

J'ai mis en italique les passages qui m'ont interpellée.

Avec Siri Hustvedt


" L’aventure visuelle de la lecture correspond à celle de l’écriture. On ne peut avoir l’une sans l’autre. La lecture est active, mais l’écriture est plus active encore. Lorsqu’on invente une histoire on fait une place au lecteur dans le texte, et ceci soulève l’éternelle question de l’écriture d’un livre : qu’y mettre, que laisser en dehors ? On peut soutenir qu’il existe deux sortes d’auteurs dans le monde : ceux qui incluent tout et ceux qui excluent beaucoup […]
Ecrire des romans, c’est comme se souvenir de ce qui n’est jamais arrivé. Cela imite la mémoire sans être la mémoire. Des images apparaissent comme un territoire textuel, parce que c’est ainsi que le cerveau fonctionne. Si ignorante que je sois de la science de la mémoire et du cerveau, je suis convaincue que les processus de la mémoire et de l’invention sont liés dans l’esprit […]
J’ai fermé le livre, et j’ai eu cette pensée qui m’a choquée moi-même : « Ceci vaut mieux que la vie. » Je ne voulais pas dire cela, je ne souhaitais même pas le penser, mais je le pensais, j’en ai peur. Certainement, le fait de ressentir cela pour un livre est ce qui donne aux gens envie d’écrire. Je ne sais pas pourquoi je me sens plus vivante quand j’écris, mais c’est ainsi. J’imagine peut-être que si je gratte du papier avec assez de force, je durerai. La réalité ne suffit peut-être pas, ou peut-être la distinction entre la réalité et la fiction n’est-elle pas bien claire. On crée la fiction avec les matériaux de la réalité, après tout, y compris les rêves, les souhaits, les fantasmes et les souvenirs."
Yonder

Avec Ernest Hemingway

" Quand j’avais achevé le travail de la journée, je rangeais mon cahier ou mes papiers dans le tiroir de la table et fourrais dans mes poches les oranges qui restaient […]

C’était merveilleux de descendre l’interminable escalier en pensant que j’avais eu de la chance dans mon travail. Je travaillais toujours jusqu’au moment où j’avais entièrement achevé un passage et m’arrêtais quand j’avais trouvé la suite. Ainsi, j’étais sûr de pouvoir poursuivre le lendemain. Mais parfois, quand je commençais un nouveau récit et ne pouvais le mettre en train, je m’asseyais devant le feu et pressais la pelure d’une des petites oranges au-dessus de la flamme et contemplais son crépitement bleu. Ou bien je me levais et regardais les toits de Paris et pensais : « Ne t’en fais pas. Tu as toujours écrit jusqu’à présent, et tu continueras. Ce qu’il faut c’est écrire une seule phrase vraie. Ecris la phrase la plus vraie que tu connaisses. » Ainsi finalement, j’écrivais une phrase vraie et continuais à partir de là."
Paris est une fête

Photos de mhaleph

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